Ouvert le 22 janvier dernier à l’Université Centrale, cet atelier vise à familiariser des journalistes amateurs de Radio Libre Francophone (Rlf) de Tunis avec l’écriture journalistique et la déontologie des médias. Pratiques, exercices de rédaction, mises en scènes d’interviews et multiples lectures d’articles sur le net et dans des journaux ont meublé cette activité. Une initiative qui entre dans la ligne droite des sessions de formations que Afrika Stratégies France entend multiplier sur le continent.
Considéré comme la base du journalisme, écrire un papier renferme de nombreux aspects techniques et impose le respect de certains codes du métier. L’écriture journalistique est aussi rigoureuse et précise que n’importe quelle science. Basée au Mans dans le département de la Sarthe en France, Afrika Stratégies France (ASF) est à la fois une association de promotion de l’excellence et de la bonne gouvernance en Afrique mais aussi un média spécialisé, consacré aux grandes questions que se pose le continent. La qualité de la formation des journalistes étant pour ASF une priorité, le média en ligne en planifie plusieurs chaque année pour accompagner ceux qui, depuis des années, s’essaient aux métiers des médias, le plus souvent sans une formation de base. C’est dans ce cadre qu’en partenariat avec l’Université Centrale de Tunis et son réseau Honoris et à la demande de la Radio Libre Francophone de Tunis (Rlf), une première formation a eu lieu du 22 au 24 janvier. D’autres devraient suivre, en Tunisie ou dans d’autres pays africains.
Ecriture journalistique en 5W+1H
22 janvier 2019. A la salle Steeve Jobs du siège de l’université Centrale, aux Berges du Lac à Tunis. Une quinzaine d’apprenants, dont la majorité officie déjà au sein de Rlf, la radio subsaharienne bien écoutée de Tunis. Une petite cérémonie d’ouverture, autour des présentations et le vif du sujet. L’origine du journalisme ? « Elle remonte, sous sa forme moderne, au 17e siècle avec les Clubs d’informations en Grande Bretagne » débute le formateur, venu deux jours plus tôt, de Paris. « Il y avait à Londres notamment mais dans d’autres villes aussi des bars où les voyageurs racontaient dans des registres ce qu’ils avaient vu ici et là, puis des habitants venaient, les consultaient, au besoin » avance Max Savi Carmel pour qui, « au fond, le besoin de s’informer a toujours été ressenti par les hommes « car selon lui, « être informé, c’est être rassuré que rien de grave n’est encore arrivé ou n’arriverait d’ici là« . Mais très vite, l’essentiel, la formation proprement dite. Autour du 5W+1H. Formule de base désignant le Qui, quoi, quand, où, comment et pourquoi. Une série d’exercice autour de l’écriture journalistique, bref, les préliminaires du métier. L’objectif de la formation étant, comme le confiera plus tard Brice Kodjo, représentant de Afrika Stratégies France, » à la fois d’apprendre le B-A BA mais aussi d’accompagner ceux qui s’exercent déjà au journalisme tout en suscitant des vocations de qualité« . Une manière pour le média panafricain d’accompagner les mutations imposées par l’internet et l’émergence du journalisme citoyen. « La différence entre un bloggeur et nous, c’est que nous irons au fond du sujet et en aborderons des aspects techniques qui échappent au citoyen moyen« . Des exercices, des comparaisons avec des articles professionnels de la presse française et américaine puis à l’arrivée, quelques textes. La formation aura été essentiellement pratique. L’objectif est atteint selon le formateur, « lancer la base du métier, accompagner ensuite les plus passionnés et leur offrir enfin des opportunités » s’ils se décident à faire carrière dans le journalisme. « Nous avons beaucoup appris, même si le temps a été très court » confiera Gmati Ghofrane, tunisienne, journaliste à Tunisie News et présente à la formation. Une impression partagée par la majorité. « On aurait pu faire plus long, mais c’est déjà un bon début » conclura Dobe Aboubacar, directeur de la Rlf.
L’épineuse question de la déontologie
24 Janvier. Le dernier jour de la formation a été consacré à la déontologie. La vérité journalistique que le formateur définit comme « le dernier résultat obtenu après confrontations et vérifications » qui est, selon lui, le fondement même du métier. « C’est le principe cardinal du journalisme » insistera Max-Savi Carmel, aussi rédacteur en chef de Afrika Stratégies France. L’impartialité, l’équité, l’indépendance et la relation avec l’argent étaient au cœur de ce qui est vite devenu une discussion à bâtons rompus. Les techniques de recherches de l’information, les étapes du traitement et les mécanismes de diffusion ont été longuement évoqués. Chaque fois, avec des exemples tirés de l’expérience de journaliste d’investigation qu’est le formateur depuis près de deux décennies. La déontologie étant la base éthique du métier, c’est la constitution du journalisme. Plusieurs anecdotes et échanges ont alimenté le débat avant l’intervention de Kais Mabrouk. Le directeur exécutif de développement international du réseau Honoris a échangé avec les participants au nom du réseau, qui a pris en charge l’accueil de la formation et les pauses-café, avant de se soumettre à un entretien-exercice qui a permis aux apprenantes de se familiariser avec l’interview. Appelé « Bithox » ou « Gombo » ou encore « Perdiems » selon qu’on soit dans une région ou une autre du continent, une pratique consistant à recevoir en échange de reportages, quelques dollars s’est vite répondue en Afrique. Participants et formateur en débattront, insistant sur le piège de crédibilité que constitue cette tradition. Conclusion, « mieux vaut ne pas en recevoir et exiger de son employeur d’être mieux rémunéré« .
D’autres formations en 2019 ?
« Sans doute ! » pour Brice Kodjo. Responsable marketing et relations extérieures de Afrika Stratégies France, il est arrivé de Paris le matin même, pour participer à la cérémonie de clôture en fin de journée. « Je veux embrasser le métier de journaliste et cette formation est tombée à pique parce que, j’en sors avec un bagage journalistique qui me rassure » confesse Nounty Soro, ivoirienne et présente à la formation. Prenant la parole, le directeur de la RLF, Dobe Aboubacar, a réitéré toute sa gratitude au nom de ses collaborateurs à Afrika Stratégie France, ESBIA ( European School of Business and International Affairs ) et à l’Université Centrale et le réseau Honoris qui n’ont pas lésiné sur les moyens pour la réussite de cette formation, qui s’avère être la première d’une longue série. Une ovation spéciale empreinte de rire aux éclats s’en suit pour l’équipe de Afrika Stratégies France, pionnière de cette belle aventure qui s’annonce longue et prospère. Les participants ont tous exprimé leur impatience pour la suite. Des jeunes de la Côte d’Ivoire, du Tchad, du Congo, de la République démocratique du Congo, du Bénin, du Mali, des Comores et de la Tunisie y ont pris part. D’autres formations du genre pourraient avoir lieu au Bénin, au Togo, à Dakar et à Addis-Abeba cette année. « Pourvu d’en obtenir les financements » promet Brice Kodjo.
Dobe Aboubacar Sidiki, Makaya-Exaucée Lhi-tshiess et
Nounty Aide Soro, Radio Libre Francophone de Tunis