Visite du pape en RDC et Sud-Soudan: A Kinshasa, l’Eglise et l’Etat mettent les bouchées doubles

Prévu initialement en juillet dernier, le voyage de François en RDC aura finalement lieu du mardi 31 janvier au samedi 3 février. Dans ce pays où 60% des 110 millions d’habitants sont catholiques, c’est un événement national. D’autant plus que le dernier séjour d’un pape remonte à plus de 37 ans. A Kinshasa, l’Eglise et l’Etat coopèrent pour en faire « une visite historique ».

Au bord de la rivière Funa, l’aéroport de Ndolo construit par les colons belges dans les années 40, accueillait encore, au coeur de la ville de Kinshasa, quelques appareils légers notamment pour les vols locaux. Mais depuis le début de l’année, il est vide ou presque. L’immense hangar où François dira sa grande messe du 1er février est prêt. Sur les avenues qui relient divers quartiers de la capitale congolaise à l’aéroport, des affiches de toutes les tailles, souhaitent la bienvenue au pape dans plusieurs langues dont le français, l’anglais ou encore le lingala.

« Aucun événement n’a autant mobilisé notre pays depuis deux ou trois décennies! » constate Mathias Londolé. « Même le séjour de Philippe de Belgique n’a pas réuni autant les Congolais. » Kinshasa a fait de la réussite de ce voyage un défi et ne lâche rien. Le Premier ministre souhaite « une visite historique et inoubliable » et préside en personne le comité interministériel. Quant au président Félix Tshisekedi, il se tient informé quotidiennement.

5 sites, 11 événements

Le lundi 9 janvier en fin de journée, la télévision nationale faisait le point de l’organisation dans une émission spéciale, aux heures de grande écoute. Mgr Ettore Balestrero y est revenu longuement sur l’importance de cette visite pour le pape. « La République démocratique du Congo est un pays de grande importance pour l’Eglise catholique« , a tenu à rappeler le nonce apostolique. A ses côtés, Patrick Muyaya a assuré de l’implication du gouvernement « au plus haut niveau ».

Le porte-parole de l’exécutif a fait le point des travaux sur les 5 sites censés accueillir les 11 événements liés au séjour papal. Il s’est réjoui que l’essentiel était déjà fait. « Nous sommes presque prêts« , s’est exclamé le ministre Muyaya. Dans l’émission, le volet logistique est présenté par Jésus-Noël Sheke. Le coordinateur technique a donné des chiffres précis, notamment en ce qui concerne les « 850.000 m² d’espace aménagé » au sein de l’aéroport de Ndolo où, la quasi-totalité des avions en attente de maintenance sont rangés loin sous des hangars.

« Nous pouvons accueillir 1,5 million de personnes », a-t-il indiqué, insistant sur la chaire de 1.500m² qui servira d’autel et à laquelle le pape pourra accéder grâce à un ascenseur (l’évêque de Rome souffre d’un genou depuis deux ans). Sur l’avenue Lumumba à Kinshasa, une opération de grand nettoyage a été mise en place mi-janvier. Elle cible notamment les artères qu’empruntera le souverain pontife. Le 25 janvier, tous les aménagements devaient être finis. Une répétition générale est prévue le 27 janvier, une autre, la dernière, suivra le 30 avec la participation des gardes suisses.

Et dans un pays où l’Eglise draine encore du monde, 20 cliniques mobiles sont prévues avec l’aide de la Croix rouge ainsi qu’une trentaine d’accès fortement sécurisés au site.

Le Vatican tient tout à l’œil

Entre le quartier administratif de Gombé où siège la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco)
et l’avenue Goma qui héberge la Nonciature apostolique, les allers-retours se multiplient. Accompagnée
de l’ambassadeur du Saint-Siège, l’équipe de Mgr George Jacob Koovakad a été reçue récemment par
le secrétaire général de la Cenco. L’organisateur des voyages du pape et Mgr Donatien Nsholé s’assurent
des questions de tous ordres notamment sécuritaires.

« Je suis confiant, tout se passe bien« , rassure Mgr Nsholé. Quelques jours plus tôt, il était avec le nonce
apostolique à une rencontre avec le Premier ministre congolais, Jean-Michel Sama Lukonde.
Une délégation des gardes suisses s’est déjà rendue en décembre à Kinshasa, une autre mission des soldats du pape était prévue « pour coordonner la sécurité« , a précisé Jésus-Noël Sheke.

Le Christ lui tiendra la main

Mgr Donatien Nsholé

Les évêques du Congo ont appelé, depuis décembre dernier, « tout le peuple de Dieu et les personnes de bonne volonté » à la prière. Le lundi 9 janvier, en marge des vœux du corps diplomatique accrédité auprès du Vatican, Deogratias Ndagano a esquissé un large sourire quand le pape a insisté: « Je me rendrai enfin en RDC. » L’ambassadeur de la République démocratique du Congo auprès du Saint-Siège s’est activement impliqué dans les détails protocolaires avec la Secrétairerie d’Etat depuis quelques mois. Et le calendrier chargé de ce voyage du souverain pontife ne semble pas inquiéter Mgr Donatien Nsholé. « Le Christ lui tiendra la main« , promet-il.

L’étape à Goma annulée

Malgré son état de santé et bien que l’étape initialement prévue à Goma (Est) ait été annulée pour ménager la fatigue du pape, mais aussi pour des « raisons sécuritaires », le programme à Kinshasa est bien chargé.
Dès son arrivée, le pape qui restera assis pendant le voyage, l’airbus affrété ne disposant pas de lit, se rendra directement au Palais de la Nation. La demi-heure d’entretien avec Félix Tshisekedi sera suivie d’une rencontre protocolaire avec le corps diplomatique et la société civile. Le mercredi 1er février, la grand-messe est prévue en matinée à l’aéroport Ndolo. Préoccupé par la guerre à l’est du pays, François en rencontrera quelques victimes l’après-midi. La journée du jeudi 2 février sera consacrée aux échanges avec les catéchistes, les prêtres, les diacres et les religieux. Une rencontre privée est prévue avec les jésuites, congrégation dont est issu le pape. Le lendemain, ce dernier recevra les évêques du pays avant de s’envoler pour Djouba (Sud Soudan).

En attendant le 31 janvier, les catholiques du pays sont en prière. A la paroisse Sainte-Thérèse de Ndjili,
la plus proche de l’aéroport où atterrira le pape, l’abbé Hubert Katawa Kayembe appelle à « confier cette visite à la Vierge Marie« . Et l’appel du curé semble avoir grand écho auprès de ses fidèles, « impatients de voir François », comme s’exclame Claire Dongo.

MAX-SAVI Carmel, Source: Cathobel.be

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