Une tournée en Érythrée, au Kenya et aux Comores ; une active diplomatie du vaccin… En ce début d’année, Pékin multiplie les initiatives à l’égard du continent.
Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a entamé l’année 2022 par une tournée dans trois pays de l’Afrique de l’Est : l’Érythrée, le Kenya et les Comores. Une tresse de plus dans le lien qui se tisse au fil des ans entre Pékin et le continent, où s’entremêlent technologies, matières premières, économie, (géo)stratégie et, désormais, vaccins.
Si les vœux de bonne santé sont d’usage en ce début d’année, la Chine joint l’acte à la parole. Lors du 8e Forum sur la coopération sino-africaine, qui s’est tenu à Dakar en novembre 2021, le président Xi Jinping a promis d’octroyer à l’Afrique 1 milliard de doses de vaccins supplémentaires pour lutter contre le Covid, dont 600 millions sous forme de dons. Ce sera, selon Wang Yi, la contribution chinoise à la construction d’une « grande muraille immunitaire ».
Soft power
Pékin exerce de plus en plus son soft power sur le continent à coups de construction de stades et de dons de vaccins. Cette influence se concrétise par des « traditions ». Par exemple, il est d’usage que le ministre chinois des Affaires étrangères effectue sa première tournée de l’année en Afrique. C’est connu, les visites et les cadeaux entretiennent l’amitié…
Cette fois, Wang Yi a choisi trois pays d’Afrique de l’Est pour son voyage marathon de quatre jours. L’Érythrée, le Kenya et les Comores s’ouvrent sur la mer Rouge et sur l’océan Indien, formant une sorte de ceinture le long des côtes est africaines. Mais, au-delà de l’intérêt stratégique évident de ces pays, Pékin voit plus loin.
La Corne de l’Afrique fait partie des « nouvelles routes de la soie » – ce projet de réseaux routiers et de voies maritimes qui devrait relier la Chine à l’Europe, à l’Asie et à l’Afrique. Les Chinois ont ainsi financé et construit une voie ferrée qui relie Addis-Abeba au port de Djibouti, ouvrant sur la mer Rouge. Le clin d’œil à l’Érythrée semble indiquer que ce dernier fait également partie du « jeu ».
Le Kenya est également le terrain d’énormes projets de construction de chemin de fer, financés par de lourdes dettes auprès des Chinois. Ainsi la ville côtière de Mombasa sera-t-elle reliée à Malaba, à la frontière de l’Ouganda. Certains de ces projets, jugés trop budgétivores et dont la rentabilité est remise en question, sont en suspens.
L’archipel des Comores ne présente peut-être pas les mêmes intérêts économiques et stratégiques que le Kenya mais, dans sa politique africaine, Pékin ne veut se priver d’aucun atout.
Les échanges directs entre la Chine et le continent étaient évalués à plus de 200 milliards de dollars en 2019, faisant de ce pays le premier partenaire commercial de l’Afrique. Des échanges déséquilibrés, qui profitent davantage à Pékin qu’aux Africains, estiment ceux sur qui la diplomatie du vaccin ne semble pas avoir d’effet…
Afrika Stratégies France avec Jeune Afrique