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Revue d'intelligence et d'Analyse

CI-Législatives 2021 : Le Ouattarisme chevillé au corps, Am’s brigue Korhogo sous-préfecture

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Né en 1968, ce taciturne normalien devrait, comme une lettre à la poste, faire son entrée à l’Assemblée nationale. Homme de terrain discret et presque secret, sa candidature est portée par une pétition que 2/3 des délégués communaux ont signée malgré la floraison de « candidables » dont dispose la majorité présidentielle dans cette région septentrionale. Soutenu par la famille Gon Coulibaly et poussé par les proches de l’ex Premier ministre, Amadou Coulibaly (Am’s) a un double défi : incarner pleinement le ouattarisme tout en parachevant l’œuvre de son cousin qui aura été pendant 3 ans à la tête du gouvernement ivoirien et leader naturelle de la région plus d’une vingtaine d’années durant.

Son énigmatique pseudonyme, Am’s, est bien connu dans les milieux politiques et au sein des rédactions des médias ivoiriens et internationaux. Mais son visage et ses images restent peu familiers pour le grand public car de la discrétion, cet ancien élève de l’Ecole militaire de Bingerville (où il décrocha brillamment son Brevet d’étude de premier cycle, Bepc) en a fait une religion. Enfin presque. Entre le bureau qu’il occupe encore aujourd’hui au Palais présidentielle du Plateau en tant que patron des Renseignements extérieurs et le terrain, Korhogo (600 Km d’Abidjan), il est un chélicérate dont la patience en fait un assidu « tisseur de toile ». Sans bruit ni tambour, ce militant de première heure du Rassemblement des républicains (Rdr) qui a connu l’exil en 2002 maille le terrain comme un architecte. Sa discipline et sa fine méthodologie tirées de sa brève carrière d’enseignant au début des années 90 mais aussi de sa culture de la discrétion acquise pendant de nombreuses et délicates missions, en ont fait un pragmatique futé. A 53 ans, cet homme de réseaux, loyal en amitié qui, si Amadou Gon Coulibaly n’était pas mort en juillet dernier, aurait connu une fulgurante carrière d’homme de main, fera son entrée au parlement. Sensible mission d’autant plus que ce « ouattaro-gonniste » doit continuer à défendre la vision du président ivoirien tout en achevant les missions que l’ancien Premier ministre ivoirien s’est donnée dans cette zone attachée à la tradition où, de la notable famille Gon Coulibaly, les populations attendent beaucoup.

Militant de terrain et commis d’Etat

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Discret, presque secret, l’ancien Vice-président du Rassemblement des Jeunes Républicains (Rjr) est porté par une écrasante majorité des délégués du parti au pouvoir dans la commune de Korhogo à travers une pétition qui en a mobilisé une centaine sur les 153 que compte la commune a fait du buzz et a fait de Amadou Coulibaly un candidat naturel, un état de choses davantage dû à son long engagement militant. A l’arrivée, après l’arbitrage de la direction du parti, il est désigné comme candidat dans la circonscription de la Sous-préfecture, poste occupé pendant une trentaine d’années par son oncle, le père d’Amadou Gon, le député Gon Coulibaly.

Dans cette région un peu sacrifiée par l’histoire ivoirienne pendant les premières décennies de l’indépendance, Amadou Coulibaly fut l’un des nombreux anonymes qui ont été les piliers de première heure du Rassemblement des Républicains, première formation politique d’Alassane Ouattara. Très vite engagé contre les injustices et comme d’autres jeunes idéalistes de son temps, l’ancien distributeur de tracts et de fiches d’adhésion au RDR, n’a cessé de prendre des risques. Il devrait soutenir l’actuel président contre le camp de Henri Konan Bédié, l’autre héritier de Houphouët Boigny, père de la nation ivoirienne mais aussi et très vite, faire face aux hostilités à l’endroit de ses camarades et lui depuis l’arrivée au pouvoir, au début des années 2000, de Laurent Gbagbo. « Am’s » a dû prendre le chemin de l’exil, vers le Mali où aujourd’hui encore, ce loyal en amitié compte de solides liens et contacts. C’est dans les contraintes du militantisme qu’il a acquis des qualités politiques qui devront aujourd’hui plus que jamais servir à celui qui aura été, grâce à la confiance de son défunt cousin mais surtout aussi du président ivoirien, plus un homme de cabinet qu’un militant.

La suite de AGC

Mais aller à cette élection pour Amadou Coulibaly, c’est aussi se mettre en position pour faire avancer la vision « d’ouverture permanente, de concertation et de consensus » que l’ancien Premier ministre a portée. Car entre les deux Amadou, plus qu’un cousinage, « une compagnonnage de conviction » les a liés. « Il a toujours été impossible de les dissocier » sourit un membre de la famille. Et la candidature d’Amadou Coulibaly aux législatives est perçue comme un grand défi familial après la mort prématurée de l’autre Amadou. Il est Soutenu à fond par la famille Gon Coulibaly, ce ouattariste invétéré devrait parachever une partie des œuvres de l’ancien Premier ministre. Les deux hommes ont toujours partagé une qualité commune, « être à l’écoute des autres et surtout, être sensible aux plus fragiles » selon divers témoignages concordants. A Korhogo, fief politique et familial mais aussi au sein de la majorité présidentielle, le saut aux fourneaux de celui qui n’est resté jusque-là que trop discret est aussi justifier par le besoin de perpétuer la mémoire du Lion (surnom de l’ex Premier ministre) qui, définitivement, ne rugit plus.

Ouattarisme à la cheville

Il est dans la machine ouattariste depuis toujours. Sa vie a été rythmée par cet enthousiasme à servir mais aussi quelques drames liés à la politique dont le massacre de ses cousins dans le cimetière de Williamsville au nord d’Abidjan. Un événement qui l’a contraint à son exil malien. Amadou Gon Coulibaly profite des Accords de Marcoussis pour faire revenir son compagnon de route. Une nouvelle aventure, toute ouattariste commence. Notamment dans le domaine de la communication politique aux cotés de son mentor Ally Coulibaly ; jusqu’en 2010. C’est d’ailleurs lui qui va gérer la communication de crise, depuis l’hôtel du Golf alors qu’une crise politique impose à Alassane Ouattara de devoir patienter pour accéder au pouvoir après sa victoire à la présidentielle. Dans la foulée, ce féru des nouveaux médias crée la Radio du Rassemblement lié au parti où, sous le pseudonyme de « Soro Jean » qui l’aidait à dissiper son identité, il a tenu la base en haleine. Il créera, avec un ancien de la RTI, Yéo Adam Benoît la TCI, une télévision entièrement acquise à la cause du Rassemblement des républicains (Rdr). Koné Lacina actuel Directeur général de smart africa assurera la couverture satellitaire de cette télévision de résistance. Après avoir été le Conseiller en communication de l’actuel président ivoirien à la tête du parti, il deviendra l’architecte de la machine à communiquer, avec Masséré Touré, d’une présidence héritée dans un état piteux. Mise en réseau, connexion filaire et wifi, progiciel de gestion intégré… ce curieux passionné de lettres qui a souvent eu un œil sur des discours officiels, touchait à tout.

Avec son entrée au parlement, celui qui est déjà fort passionné du développement à la base, restera un homme de terrain. L’enseignant de Lettres modernes qui a contribué à l’installation d’une immense bibliothèque de 25.000 livres à Korhogo fera face à de nouveaux défis. Une nouvelle parenthèse de sa vie au cours de laquelle planera à jamais l’ombre de son « jumeau », Amadou Gon Coulibaly.

La Rédaction

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