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COTE D’IVOIRE : Gon Coulibaly débarque avec des chiffres à Washington et renforce des acquis

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Aux rendez-vous de printemps des institutions de Bretton Woods la semaine dernière, le représentant de la Côte d’Ivoire a de quoi être souriant. Une croissance de 8%, une inflation  maîtrisée à 0,4% et un taux d’endettement qui n’atteint pas 43%, le pays n’aura jamais eu autant d’indicateurs au vert. Un bilan que défend Amadou Gon Coulibaly qui le met à l’actif du chef de l’Etat qui entretient toujours un brin de mystère sur son 3e mandat. Analyse !

10 avril 2019. Il arrive à Washington à bord d’un vol direct depuis Abidjan. Un voyage reporté de 24 heures à cause d’un deuil qui a frappé la famille Ouattara. A 48 ans, Louise Ouattara a été foudroyée par un paludisme. La bru du président ivoirien est la femme de David Ouattara dont le premier ministre est bien proche. Pendant 4 jours, Gon Coulibaly n’aura donc pas de répit. Il a débarqué avec des chiffres d’autant que l’économie de son pays est la plus en forme de l’Afrique occidentale francophone. Deux objectifs en tête, rassurer les institutions de Bretton woods et renforcer la coopération existante déjà entre elles et l’Etat ivoirien. De nombreuses rencontres, aussi bien avec l’Agence multilatérale de Garantie ainsi que les dirigeants du Fmi et de la Banque mondiale ont meublé un séjour avant tout placé sous le signe de la réorientation stratégique des ressources et investissements. Objectif ? Réduire les inégalités et créer de la richesse au profit de la jeunesse qui représente 60% de la population ivoirienne. Si la pauvreté a sensiblement été réduite ces dernières années (notamment de 7 points) depuis 2015, le ressenti dans le quotidien des ivoiriens n’est pas encore une réalité. C’est la seconde phase de la bataille qu’engage Alassane Ouattara, lui-même ancien directeur Afrique du Fmi dont il connaît si bien les rouages.

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12 avril. Fuyant le people show des hôtels de luxe de la capitale américaine, c’est l’ambassade de la Côte d’Ivoire que cet homme attaché aux symboles a choisi pour ses rencontres. Monsieur Kato, vice président de l’Agence japonaise de la coopération internationale (Jica), Ronald Lauder, patron de Fluence ainsi que Jean Claude Meyer. Tous y sont passés. Le vice-président de Rothschild a été reçu juste avant la participation du premier ministre à la table ronde consacrée à la transformation des matières premières en Côte d’Ivoire. Depuis que le pays a renoué avec la croissance économique, les plus influents investisseurs se bousculent aux portes d’Abidjan devenu une plateforme sécurisée avec un climat des affaires au Top et surtout, l’engagement de grandes réformes pour en faire un hub économique dans la sous région. La veille, le 11, Gilbert Kaplan a été reçu par Gon Coulibaly. Le sous secrétaire américain au commerce est venu « saluer le leadership visionnaire » du président Ouattara auquel le premier ministre apportera son message. Le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique a insisté sur la performance de l’économie ivoirienne. En marge de l’audience, Hafez Ghanem partage la volonté du gouvernement de faire ressentir dans le panier de la ménagère les effets positifs de l’économie. Suivront une audience avec Mohamed-Lemine Raghani, administrateur du Fmi et une séance de travail avec l’Agence multilatérale de garantie des investissements de la banque mondiale. Jean Kacou Diagou bouclera la boucle. Le patron et fondateur du premier groupe ivoirien de banque et assurance, Nsia sera reçu à l’hôtel Watergate de Washington.

Une économie en forme

A la veille de son départ, le 13 avril, le premier ministre ivoirien s’entretient avec Christine Lagarde. La directrice générale du Fmi saluera « des performances économiques exceptionnelles, crédibles et constantes ». En milieu de journée, David Malpass, le nouveau président du groupe de la Banque mondiale insistera sur « une économie dont la pleine forme est due à une politique intelligemment pensée et à la lutte contre la corruption ». Et il n’a pas tort. L’économie ivoirienne ne pouvait pas être en meilleure forme d’autant qu’une morosité s’abat aussi bien sur l’Afrique que dans le monde, conjuguée à une crise sans précédent des matières premières. Première puissance économique de l’Afrique occidentale francophone, avec une contribution de 33% au PIB de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) juste devant le Sénégal, la Côte d’Ivoire accumule des facteurs de dynamisme sur la plupart des indicateurs. A 8%, sa croissance est la plus forte de la sous-région malgré la baisse des prix de matières premières, la crise du pétrole dont elle est productrice et les difficultés que traverse la filière café-cacao. Ses 39% de masse monétaire au niveau de la Banque centrale des états de l’Afrique de l’ouest en font le poumon de l’institution financière régionale. Malgré tout cela, la Côte d’ivoire évite de s’ensevelir sous des dettes extérieures. A moins de 43% de son PIB, il est le pays le moins endetté dans l’espace Uemoa où la moyenne tourne autour de 65% pour une norme maximale autorisée de 70% du PIB.

Une grande politique des infrastructures

Une politique pour laquelle la Côte d’ivoire aura besoin de partenaires solides. D’abord, pour les infrastructures sociales pour lesquelles l’appui du Millenium Challenge Corporation est capital. Le directeur général du Mcc sera d’ailleurs reçu par le premier ministre. L’organisme avait fait bénéficier l’Etat ivoirien d’une enveloppe de 315 milliards en 2017 pour plusieurs projets de proximité. Ensuite, le renforcement de la politique de modernisation en cours dans les principales villes du pays. C’est aussi ce qui explique une longue séance de travail, le 11 avril avec le Jean Claude Tchatchouand. Le vice-président en charge des infrastructures de la Banque mondiale est sensible à la politique en cours à Abidjan et qui ont pour effet de moderniser une ville pourtant meurtrie par la crise électorale de 2010 et dont une partie a été détruite. Avec la pose de première pierre  récente du 5e pont qui sera livré l’année prochaine et l’exposition des infrastructures routières, le pays s’engage solidement sur la voie de l’émergence. Et alors que les populations s’agacent de ce que « les routes ne se mangent pas » la réorientation de la politique économique doit soulager les plus vulnérables dans les prochaines années. Les financements recherchés permettront également de financer le Programme social du gouvernement 2019.  L’idée  de ce programme est de répondre aux besoins des populations en stabilisant leur pouvoir d’achat.

De plus en plus au devant de la scène

Depuis deux ans, le premier ministre ivoirien est de tous les rendez-vous internationaux. Début avril au Ceo Forum Africa à Kigali où il est reçu par Paul Kagamé dont il est si proche. Une présence interprétée comme une préparation pour 2020 selon la presse locale qui ne manque pas de spéculations. Mais au fond, dans l’entourage de Amadou Gon Coulibaly, ces délégations de pouvoirs sont plutôt perçus comme « une simple marque de confiance » dont l’intéressé se contente de tirer fierté. Mais depuis la déchéance de Guillaume Soro, les spéculations vont bon train. Senoufo comme l’ancien président de l’assemblée nationale, prudent, actif et déterminé, il n’a d’obsession que pour la Côte d‘Ivoire et de loyauté que pour le Ouattarisme.  Le « Lion » comme on l’appelle à Korhogo  est plus absorbé par sa mission à la primature que par la question de « dauphinat ». Si le président sortant rend sa succession ouverte, Hamed Bakayoko (défense) et Daniel Kablan Duncan (vice-président) tenteront sans doute leur chance aussi. Sauf qu’en marge du Mo Ibrahim Forum sur la gouvernance à Abidjan et devant Mo Ibrahim lui-même, Alassane Ouattara a préféré laisser planer encore le doute sur un 3e mandat.

Paris, Afrika Stratégies France (ASF)

 

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