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COTE D’IVOIRE : Kkb, le dernier rempart constitutionnel pour un scrutin sous hautes tensions

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Depuis l’appel parisien de Guillaume Soro, les choses vont très vite à Abidjan. Aucun scrutin n’aura mobilisé autant de craintes ces dernières années en Afrique de l’ouest et pour cause, la 3e candidature du président sortant fait objet de contestations. Après le choix du désistement par Henri Konan Bédié, Pascal Affi Nguessan vient de prendre ses distances avec le processus électoral, faisant de Kouadio Konan Bertin (Kkb) le dernier rempart constitutionnel. Ouattara risque-t-il de se retrouver seul ?

« La candidature de Ouattara n’est pas négociable » a lancé, dans la foulée des déclarations de l’opposition, Kouassi Kobénan Adjoumani. L’intrépide et fougueux ministre de l’agriculture, que passionnent les gaffes, répond à Pascal Affi Nguessan qui, quelques heures plus tôt, a mis en garde le Conseil constitutionnel, contre un « scrutin inapproprié« , jurant ne pas être « un factice de candidat ». Il rejoint ainsi un courant « boycottiste » qu’attise depuis la capitale française Guillaume Soro. L’ex rebelle qui n’a pu être candidat, à cause d’une condamnation à vingt ans de prison prend ainsi sa revanche sur un président dont il s’est éloigné avant de se résigner à l’exil depuis que les autorités ivoiriennes ont empêché son avion d’atterrir à Abidjan. Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Pascal Affi Nguessan se sont ralliés à l’appel de Soro, accentuant ainsi les incertitudes sur un scrutin qui, selon l’entourage du président ivoirien « ne sera reporté contre rien et en aucun cas » comme l’a martelé Mamadou Touré. Le porte-parole adjoint du gouvernement, très actif sur le web et omniprésent sur les médias, lors de son bref séjour en France ces derniers jours évoquait une « obligation constitutionnelle ». Mais à l’allure où vont les choses, Kouadio Konan Bertin pourrait devenir l’unique candidat face à Ouattara et surtout, l’ultime rempart pour éviter un vide constitutionnel.

Une opposition éclectique et soudée

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Tout est parti d’un appel de Guillaume Soro qui depuis son exil parisien  essaie de mobiliser l’opposition contre une candidature de Alassane Ouattara. Il a juré, devant la presse internationale que la présidentielle n’aura pas lieu, sans lui. Un radicalisme diversement apprécié dans l’opinion ivoirienne. S’il y a une obsession de soi chez cet égotique ex-chef rebelle à vouloir tourner tout autour de lui, Soro peut compter sur Laurent Gbagbo. L’ancien président avec qui il   a des échanges de plus en plus réguliers  a été aussi écarté pour une condamnation alors qu’il est en attente, à Bruxelles, de son procès en appel à la Cour pénale internationale. Pendant longtemps, l’ancien chef d’Etat qui en voulait à son ex Premier ministre a évité tout contact avec celui qu’il traite, auprès de ses visiteurs de soir, de « traitre opportuniste ». Sauf que, si pour une fois, une partie de l’opposition semble soudée autour d’une cause, elle est restée longtemps éparpillée et surtout, éclectique sur l’essentiel. A raison, Henri Konan Bédié crie à « une première victoire ». Des appels incessants se multiplient à l’égard de Kkb pour le rallier au boycott avec des « propositions les plus alléchantes » en provenance de Paris et d’ailleurs  selon plusieurs sources concordantes, mais aussi des menaces qui fusent sur les réseaux sociaux sans grands effets apparemment sur l’intéressé. La décision, plutôt délicate, aura un impact important sur sa truculente  carrière politique mais aussi l’avenir de son pays qu’il jure « aimer plus que tout« .

Kkb se prépare à toutes les perspectives

L’astucieux ex-député et candidat pour la seconde fois après 2015 entrevoit toutes les perspectives.  Deux-Plateaux-Les Perles, où se trouvent ses bureaux, celui qui sera investi le 4 octobre  enchaîne des réunions. Il a mis sur pieds un comité d’organisation de ce rendez-vous qu’il veut « à l’américaine » et  nommé une porte-parole. Arrivé en quatrième position lors de la dernière présidentielle, cette situation pourrait être pour lui à la fois une opportunité de rentrer dans l’histoire mais aussi une fatale issue où, accusé par l’opinion, il signerait son arrêt de mort politique. Mais l’intéressé semble en mesurer les enjeux. Il ne se ralliera probablement pas à l’appel de Soro avec qui il entretenait certes, comme il l’a confié à Afrika Stratégies France à Abidjan, « des relations cordiales ». Et pour cause, cet ancien patron de la jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) qui « a une forte culture de l’Etat » ne voudrait pas laisser son pays prendre le risque d’une guerre civile. Même s’il tient aussi à un scrutin équitable et crédible. Alors que personne ne l’a vu venir, celui qui fait une campagne de porte à porte efficace et appréciée dans le centre et l’ouest du pays et dont le parcours le prédestinait à être une bonne relève, même au sein du Pdci, fait face à un véritable dilemme.

Issues

Si Kkb se rallie à l’appel de Soro, le pays se retrouvera dans une situation inédite. Il sera impossible pour le président sortant d’aller seul à une élection, ouvrant ainsi la voie à une relance du processus électoral. Ce qui aura l’effet de doper l’opposition mais surtout de contraindre, éventuellement, à des réformes internes aux institutions impliquées dans le scrutin. Le report s’imposera de fait, un périlleux pari pour ce pays qui sort d’une longue crise politique. Si le candidat indépendant se maintient dans la danse, il devrait faire face à une hostilité ardente au sein de l’opinion mais pourra espérer un score honorable qui le projettera politiquement. Car la majorité des ivoiriens veut passer rapidement ce scrutin et se remettre au travail et surtout, éviter, quoi qu’il arrive, une autre guerre civile. Au cours de la dernière décennie, ce poumon de l’économie sous régionale devenue, derrière le Nigeria et le Ghana et devant le Sénégal, une importante puissance économique  avec une colossale avance économique avec des signaux au vert. Une croissance qui approche les deux chiffres, une inflation maitrisée, un endettement qui, à 44% du Pib est le plus contrôlé de tout le continent, un Plan social du gouvernement (Psgouv) de 734 milliards Cfa, un enviable Plan national de développement (Pnd) de 30.000 milliards Cfa et surtout un pays en chantier qu’il faille préserver contre ses vieux démons. Et Dieu sait qu’il en a suffisamment.

Alors qu’il s’y attend le moins, Koudio Konan Bédié est au plus grand tournant de sa vie. Ce brillant germanophile de 52 ans qui ne fera rien contre le paix saura sans doute faire le bon choix. Les regards sont braqués sur celui qui se définit comme « planteur, fils de paysan« .

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