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COTE D’IVOIRE : Passage de l’analogie à la TNT, un défi pour Amadou Coulibaly

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C’est un processus que les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine, Uemoa, ont entamé depuis près d’une décennie. En procédant au lancement officiel de la campagne d’extinction du signal analogique, la Côte d’Ivoire a fait un pas de géant ce 21 octobre, même si l’effectivité de la Télévision numérique terrestre, Tnt, reste un défi pour Amadou Coulibaly.

Face aux défis technologiques que l’exposition des Nouvelles technologies de l’information et de la communication, Ntic, imposait à nos Etats, l’abandon de l’analogie qui régissait le secteur depuis de longues décennies était devenu une nécessité. Dans le cadre d’un processus régional, les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine, Uemoa, s’y sont mis dans une démarche communautaire depuis le début des années 2010. Diverses échéances ont été fixées avant d’être, compte tenu des lenteurs que connaissaient la plupart des pays, reportées. Et s’il a fallu du temps, six ans après la date butoir du 17 juin 2015 fixée par l’Union internationale des télécommunications (UIT) à la Côte d’Ivoire pour déclencher concrètement le passage à la télévision numérique terrestre, Abidjan est avance sur ses voisins. Cette cérémonie a eu lieu au centre émetteur d’Abobo, sous la présidence effective du Ministre de la Communication, des Médias et de la Francophonie M. Amadou Coulibaly, le 21 octobre dernier. Un appel de pieds pour les autres Etats membres de l’institution régionale dont la grande majorité traine encore les pas.

Un premier pas

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Amadou Coulibaly a présidé en personne l’événement. « Un pas de géant » a-t-il reconnu alors qu’il s’agit d’un passage technologique important pour les médias privés comme publics du pays. Deux victoires en un coup pour la Société Ivoirienne de Télédiffusion (IDT) qui célèbre à la même occasion sa distinction, le 29 septembre 2021, de « 3ème Prix de la performance économique et financière des entreprises non commerciales » du Ministère du Budget et du Portefeuille de l’Etat. Amadou Coulibaly ne pouvait pas ne pas profiter de l’aubaine pour féliciter l’ensemble des acteurs qui ont contribué à cet événement. « En première ligne, la Société ivoirienne de Télédiffusion » pour la qualité du travail « abattu au quotidien et les a invités à faire davantage afin que la TNT soit désormais une réalité pour tous les Ivoiriens« . La création, en 2017, de l’Ivoirienne de Télédiffusion (IDT) par le gouvernement est l’acte visionnaire qui a permis au pays de prendre de l’avance sur ses voisins et les autres pays de la sous-région. Cette structure a pour mission principale d’assurer la diffusion des programmes radiophoniques et télévisuels sur le territoire national et surtout, d’adapter le système aux nouvelles normes dont la Télévision numérique terrestre.

Un processus communautaire

Cet exploit de la Côte d’Ivoire est aussi un appel de pieds pour les autres pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine. En 2016, lors d’une rencontre de la cellule chargée de la transition de l’analogie à la Tnt pour l’institution régionale, l’expert en Technologies de l’information et de la communication (TIC) de l’UEMOA, Abossé Kpakpo, avait justifié le retard constaté des pays de l’Union par  « le fait qu’ils ne se sont pas engagés assez tôt » alors que le passage au numérique est un processus long et complexe.  « La commission de l’UEMOA a été saisie en 2012 alors que l’accord avec l’UIT avait cours depuis 2006« , avait-t-il regretté. Beaucoup d’observateurs craignaient que les pays concernés n’y arrivent pas avant de nombreuses années voire décennies. En s’illustrant en bon modèle, la côte d’Ivoire donne l’exemple et devrait, sur ce, être suivie par les autres. Depuis 2006, un accord dit de Genève recommandait aux Etats membres de l’Union internationale des télécommunications de passer de l’analogique au numérique, au plus tard le 17 juin 2015. « Si la transition est déclenchée ce mois d’octobre, le processus devrait prendre un temps » avise-t-on au ministère ivoirien de la communication où on se réjouit de ce qui est déjà fait.  La suite devrait être plutôt facile d’autant que, selon plusieurs sources concordantes, « le ministre en a fait une priorité« , lui à qui tient à cœur la modernisation du secteur médiatique de son pays.

Enjeux et perspectives

Basée sur la diffusion de signaux de télévision numérique par un réseau de réémetteurs hertziens terrestres, la Télévision numérique terrestre est une révolution technologique. Elle permet de réduire l’occupation du spectre électromagnétique grâce à l’utilisation de modulations plus efficaces, d’obtenir une meilleure qualité d’image et devrait élargir les fréquences à l’infini. Ce qui facilite l’attribution d’espace d’émission, facilitant une floraison de chaines de télévisions. Il s’agit d’un enjeu technologique mais aussi démocratique notamment pour l’Afrique de l’ouest francophone où la libéralisation de la télévision est un fait récent. L’utilisation d’émetteurs multiplex, dans le cadre de la Télévision numérique terrestre, permettra la transmission de plusieurs programmes sur le même canal. Si la côte d’Ivoire a vite pris le devant, il va falloir pousser les autres pays à ne pas longtemps trainer les pas. Quoiqu’on dise, c’est déjà un bon début, un coup de fouet pour la modernisation en cours du secteur des médias.

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