Européennes 2024: quel poids auront les groupes de droite populiste et d’extrême droite à Bruxelles?
Les résultats provisoires des élections européennes sont désormais quasiment tous stabilisés. Si on additionne le centre-droit à la nébuleuse populiste, qui va du souverainisme à l’extrême droite, le Parlement fraîchement élu sera majoritairement de droite (362 sièges sur 720). Migrations, frontières, coopération figurent par exemple parmi les sujets de campagne de premier plan pour les partis les plus à droite, mais ces derniers pourront-ils exercer une réelle influence sur l’Europe ?
Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet
La poussée à droite annoncée par les sondages s’est avérée. Il y aura dans le futur Parlement une majorité absolue de députés de droite, toutes tendances confondues. Les partis de droite populiste et d’extrême droite devraient envoyer 176 députés au Parlement européen, à peine dix de moins que le centre-droit. En théorie, ils devraient donc avoir un poids considérable puisque c’est un quart de l’hémicycle. Avec le nombre, les partis peuvent prétendre à du temps de parole, des financements et surtout des présidences de commissions parlementaires. Le vrai pouvoir s’exerce dans la conception et le tri des textes législatifs.
Constituer des groupes parlementaires
Dans le Parlement sortant, l’extrême droite comptait 18% des députés, mais ne disposait que d’une seule présidence de commission parlementaire sur vingt. Pour en obtenir, il vaut mieux être dans la coalition majoritaire. Or, le centre-droit affirme ne pas vouloir s’allier avec eux. Il faut aussi constituer des groupes parlementaires. Pour le moment, il en existe deux et ces derniers n’ont pas vocation à fusionner, car beaucoup de ces partis sont incompatibles les uns avec les autres.
Leur volonté de fermer les frontières de l’Europe aux migrants devrait surtout s’exercer en dehors du Parlement, s’ils parviennent à infléchir les positions des 27 gouvernements.
Je pense que ce qui vient de se passer semble être la confirmation d’une Europe qui se barricade. On a vu depuis Frontex que l’Europe était dans l’externalisation de ses frontières. Dans les sphères africaines, on a vu la Tunisie soutenue malheureusement par l’Europe, la Mauritanie soutenue par l’Europe. Tout ce qui vient de se passer semble être la confirmation d’une marchandisation des mobilités.