Absent du Gabon depuis deux semaines, Ali Bongo alimente toutes les rumeurs à Libreville. En attendant son retour que « force » son entourage pour cette fin de mois, le président du Gabon fait face à un AVC que viennent aggraver un diabète chronique et une insuffisance rénale. Une infection sanguine non détectée a empêché qu’il soit évacué à Londres comme le souhaite Sylvia, son épouse. Un proche de la famille nous livre quelques confidences.
Bon vivant, ce musicien amateur bientôt sexagénaire ne fait aucune attention à son diabète chronique et une néphropathie qui ne lui ont pas permis de perdre, comme l’aurait souhaité son épouse, du poids. Ali Bongo ne respecte aucune consigne médicale, il a continué à ingurgiter des hectolitres de bière sans éviter des soirées arrosées de bons vins. Mais il a pu recevoir des soins adéquats qui ont ralenti la néphropathie détectée depuis 2011. Depuis, le président gabonais n’a pas non plus respecté les consignes de repos. Peu avant son mal aise à Ryad le 24 octobre, il avait multiplié des déplacements au Gabon et hors du pays, misant, comme à son habitude, sur un embonpoint apparent qui le rassurait. Pendant que de folles rumeurs embrase Libreville, un « ami » de la famille et longtemps proche collaborateur de Maixent Accrombessi, l’ancien directeur de cabinet béninois aujourd’hui convalescent d’un AVC là aussi, nous livre quelques détails, à Paris.
Les échos de Riyad
L’opération de Riyad se « serait » bien déroulée, murmure-t-on à Libreville après que le porte parole de la présidence n’évoque une fatigue passagère à la télévision nationale. Ike Ngouoni la justifie par « une très forte activité ces derniers mois ». Depuis, la règle de silence qui plane dans toutes les dictatures en matière de santé du « chef » et les spéculations d’une opposition minée par ses contradictions amplifient les rumeurs mais une question persiste. Si l’opération s’est bien déroulée, pourquoi de nombreuses dispositions ont été prises pour que le Bongo soit évacué à Londres ? En réalité, l’opération qui devrait consister à évacuer du sang pour faciliter la circulation sanguine ne s’est pas « aussi bien passée » selon une source familiale, rencontrée par Afrikastrategies.fr à Paris. Le président a dû subir deux opérations consécutives entre le 24 et le 26 octobre après la visite du prince Mohammed ben Salmane Al Saoud qu’il n’aurait d’ailleurs pas reconnu, avant d’être plongé dans un coma artificiel. Depuis et ce jusqu’à la mise sous presse de cet article, son état est resté « stable et sans amélioration » selon la même source. Sylvia Bongo insiste auprès des médecins pour que l’évacuation de son époux en Grande Bretagne intervienne au plus vite mais une infection sanguine non encore détectée ne permet pas au malade d’être transporté pour l’instant, mais la piste londonienne reste sur la table.
La piste londonienne en attente
Une partie de sa famille était arrivé, fin octobre à Londres où le président gabonais dispose d’un pavillon. Objectif, préparer son évacuation vers la capitale britannique. Deux ans plus tôt, dans cette même ville, l’ex puissantissime directeur de cabinet de Ali Bongo, le béninois Maixent Accrombessi a passé plusieurs mois de soins et de convalescence… Curieuse coïncidence! Un projet mis à mal très rapidement par l’avis des médecins saoudiens auxquels se sont joints deux Gabonais dont un militaire. Ils recommandent selon notre source citée plus haut, « la prudence » le temps d’identifier formellement l’infection sanguine. Mais l’hypothèse reste sur la table d’autant que des membres de la famille ont renouvelé dans la foulée leur visa britannique. Pour le simple fait que plusieurs membres de la famille royale saoudienne préfèrent, eux-mêmes se soigner en France plutôt qu’à Riyad, la femme de Ali Bongo préfère « une évacuation vers l’Europe ». A tout moment donc et quand sa santé le permettra, Bongo devrait se rendre à Londres pour « examens complémentaires » et une convalescence avant de rallier, « fin novembre » espèrent ses médecins, son Palais de Bord de bord de mer. En attendant, Frédéric Bongo, le frère cadet du chef de l’Etat gabonais, Marie-Madeleine Mborantsuo, ancienne maîtresse de son feu père et Brice Laccruche Alihanga, son directeur de cabinet assurent selon La Lettre du Continent, un intérim conjoint.
Prise de court, l’opposition espère en tirer profit s’organise
Jean Ping qui est resté silencieux depuis plusieurs mois a profité de la situation pour faire une sortie. Président « autoproclamé » du Gabon, c’est en tant que chef d’Etat « élu » que l’ancien président de la Commission de l’Union africaine a appelé ses compatriotes à se réunir, sans autres précisions. Il a multiplié à Libreville des contacts avec d’autres opposants mais l’absence d’informations contraint une opposition en perte de vitesse à la prudence. Du côté du parti présidentiel, un cercle restreint réfléchit à accélérer le retour du président au Gabon, pour « mettre fin aux rumeurs ». Mais rien n’est moins périlleux d’autant qu’il ya peu d’amélioration sur son état de santé.
Arrivé au pouvoir en 2009 la suite de la mort de son père, Omar Bongo, l’élection en 2016 de Ali Bongo a été contestée par l’opposition et mise en doute par plusieurs capitales européennes. Marié à Sylvia, fille du milliardaire Edouard Valentin, en secondes noces, le président gabonais, âgé de 59 ans, est père de 4 enfants (Malika, Jalil, Bilal, Noureddin).
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