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Jean-Claude Mputu : « En Rdc, la prochaine présidentielle est l’occasion plus que jamais de mettre fin à la corruption »

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La corruption est le principal fléau qui mine la République démocratique du Congo (Rdc). En arrivant au pouvoir en 2019, Félix Tshiekedi a fait de la lutte contre le phénomène son cheval de bataille. Alors que son mandat tire à sa fin, fort est de constater que le cheval est fourbu et la bataille perdue. D’ailleurs, sous son mandat, de nombreux dossiers ont défrayé la chronique comme celui de « 100 jours » qui s’est soldé par un procès retentissant et la condamnation de Vital Kamerhe, ex directeur de cabinet du chef de l’État, à 20 ans de prison pour détournement de fonds. Aujourd’hui insidieusement réhabilité, il dirige le stratégique ministère de l’économie. Les accords politiques contre-nature ont pris le dessus, Félix Tshisekedi ayant besoin du soutien du fief de Kamerhe, Walungu et de tout le Sud Kivu pour la prochaine présidentielle. À quelques mois du scrutin, Jean-Claude Mputu, porte-parole de la coalition « Le Congo n’est pas à vendre » revient sur certains de ces dossiers. Entretien.

A son arrivée au pouvoir, le président Tshisekedi a promis de faire de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. À trois mois de la fin de son mandat, avez-vous l’impression qu’il mené à bien cette mission ?

Non, la lutte contre la corruption est un échec complet et est marquée par un péché originel. Comment combattre la corruption lorsque son régime est né de la corruption et s’est construit dans la corruption ? Juste deux exemples. Un, le président a mis en place une Agence de lutte contre la corruption censée être le fleuron de sa volonté politique. Deux responsables, deux scandales… Ça dit tout. Deux, le scandale du RAM, cette taxe censée combattre la contrefaçon des téléphones et qui s’est révélée être une escroquerie politique et étatique sans que personne ne soit rendue responsable.

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Plusieurs dossiers ont émaillé son mandat, on se souviendra de l’affaire Kamerhe avec le procès des 100 jours qui s’est soldé par une condamnation à 20 ans de prison pour détournement de fonds. Aujourd’hui Vital Kamerhe est ministre de l’Économie en RDC. Quel regard portez-vous sur ce revirement?

« 100 jours » c’est le premier programme phare du gouvernement illustré par ces sauts de mouton (des ponts dans plusieurs quartiers de la capitale, Kinshasa, Ndlr) qui ont donné le ton de l’enrichissement illicite et des nombreux scandales de corruption qui resteront à jamais dans notre mémoire collective. Il est tellement triste de voir le directeur du cabinet du président de la République en prison et condamné aussi bien en première instance qu’en appel et que le président vienne le soutenir publiquement dans l’indifférence glaciale du Parlement et de la classe politique. Pour moi, c’est là que j’ai compris que nos dirigeants politiques avaient perdu toute valeur, toute éthique et tout sens de l’Etat.

L’année dernière, l’inspection générale des finances (IGF) a accusé le ministère de l’enseignement d’avoir détourné près de 400 000 dollars alloués à l’organisation du premier championnat de football scolaire d’Afrique en RD-Congo (RDC)…

Comment expliquer des scandales de corruption impliquant des ministres et des dirigeants politiques du haut niveau et l’impunité qui les accompagne, sinon par l’échec du régime à lutter contre la corruption. Les discours et des déclarations à la télé font office de lutte contre la corruption. Il n’y a aucune action concrète. Car finalement, les vrais corrompus sont ceux qui nous dirigent avec la complicité d’une justice condamnée publiquement par le Président de la République.

Il y a également le dossier Bukangalonzo, du nom du principal projet agricole de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo, qui lui est toujours en cours…

Bukangalonzo (méga projet agricole de 80 millions de dollars à l’abandon alors que l’intégralité du budget a été consommée, Ndlr) est un symbole parfait de l’instrumentalisation de la lutte contre la corruption par le régime actuel en même temps que l’illustration de la même corruption dans l’ancien régime de Kabila. En ce sens, cette affaire nous montre que sur le plan de la corruption, rien n’a changé vraiment. Simplement, nous n’en savons pas plus et le Congo n’est pas à vendre et est scandalisé chaque jour par l’ampleur de la corruption institutionnalisée par nos gouvernants.

Au regard des quelques exemples cités précédemment, que faire, selon vous, pour lutter enfin efficacement contre la corruption en République démocratique du Congo ?

Pour lutter efficacement contre la corruption, il faut non seulement la dénoncer, mais il faut changer la classe politique, autrice de cette corruption. Il faut mettre fin à l’impunité et le peuple doit se lever pour exiger et obtenir ce changement. Les élections à venir offrent une opportunité pour y parvenir, car le temps joue contre les corrompus. Nos dirigeants doivent savoir une fois pour toutes que le Congo n’est plus à vendre.

Propos recueillis par Wendy Bashis, pour Afrika Stratégies France

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