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La nouvelle feuille de route de Kaïs Saïed pour la Tunisie

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Le président Kaïs Saïed n’a pas attendu le 17 décembre, 11e anniversaire du déclenchement du Printemps arabe en Tunisie, pour lancer le plan de réformes, pressenties depuis le 25 juillet dernier, lorsqu’il s’est emparé de tous les pouvoirs.

A la surprise générale, le Président tunisien a annoncé avant-hier, dans un discours télévisé de 40 minutes, un plan en six points, pour «rendre le pouvoir au peuple, afin de rétablir ses droits dans sa révolution du 17 décembre 2010 qui lui a été volée le 14 janvier 2011», selon Kaïs Saïed.

Le Président a présenté avant-hier aux Tunisiens le plan de transition qu’il considère à même de traduire la voix et les choix du peuple. Son 1er point consiste en une consultation en ligne, ouverte à distance du 1er janvier au 20 mars 2022, avec des relais dans chaque délégation, afin de transmettre les vœux du peuple dans chaque carré du pays, aussi lointain soit-il.

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Une commission désignée d’experts veillera après le 20 mars à synthétiser ces doléances populaires dans des réformes claires, qui seront soumises à un référendum populaire le 25 juillet 2022. Les réformes concerneront aussi bien le régime politique que les doléances socioéconomiques. Il s’agit là des trois points suivants du plan de Saïed. Restent les élections législatives, annoncées pour le 17 décembre 2022 et l’amnistie pour les hommes d’affaires corrompus, qui auraient la possibilité d’investir dans les zones les plus démunies du pays.

Le plus corrompu investira dans la zone la plus démunie. Les délégations seront classées suivant l’ordre de nécessité et les hommes d’affaires selon ce qu’ils doivent à l’Etat. «C’est de cette façon que l’on rend l’argent de l’Etat directement au peuple à travers l’investissement dans des projets de développement, qui seront gérés par le peuple selon un schéma qui sera défini ultérieurement», a expliqué le président Saïed.

Une première lecture du plan de Saïed conduit systématiquement à une conclusion disant que le Président a pris en considération les critiques des pays occidentaux concernant l’absence de calendrier clair et leur exigence de la présence d’un parlement, avec un rôle significatif, dans le nouveau schéma politique tunisien.

Le Président tunisien a programmé un référendum le 25 juillet et des élections législatives le 17 décembre. Saïed semble assuré que le Référendum irait dans le sens qu’il veut donner à la vie politique tunisienne. Le restant du projet apporté est très révélateur concernant le souci présidentiel d’associer le peuple dans la décision, qu’il soit lors de la consultation populaire de 79 jours (du 1er janvier au 20 mars) ou dans le référendum du 25 juillet. La synthèse des propositions populaires sera toutefois assurée par des experts.

Réactions

Les premières réactions aux propositions présidentielles sont venues des outsiders. La centrale syndicale UGTT ainsi que le mouvement Ennahdha ne se sont pas encore exprimés. Ils attendent l’examen minutieux des propositions de Saïed avant de se prononcer.

Par contre, le leader politique Néjib Chebbi a vivement critiqué le président de la République, en lui reprochant d’ignorer le paysage politique. «Le président Saïed continue à exploiter le sentiment de rejet de larges franges du peuple de la classe politique ayant gouverné durant la dernière décennie», a expliqué Chebbi à Radio Shems Fm, en reprochant au Président de «discréditer la contribution de l’UGTT dans le processus politique en cours» et de «s’attaquer même aux groupes politiques qui l’ont soutenu».

La députée gelée, Samia Abbou, du Courant démocratique, a considéré sur Radio Express Fm que «le président de la République s’est positionné en dehors de la Constitution par de tels agissements». Chebbi, Abbou et le président d’Ettakattol, le Dr Khelil Ezzaouia, appellent à descendre dans la rue le 17 décembre pour exprimer leur rejet du projet présidentiel ; ils appellent également à des consultations dans la classe politique pour préparer la riposte au «hold-up» sur la Constitution.

Il n’y a pas que des mécontents concernant les propositions de Saïed, le secrétaire général d’Ettayar Chaâbi, Zouheir Hamdi, a considéré dans un post publié sur Facebook que «les décisions présidentielles constituent un pas en avant, expliquant les raisons fondamentales du Mouvement du 25 juillet».

Ce groupe politique figure parmi les formations ayant toujours soutenu le président Saïed. Un autre soutien, inattendu pour celui-là, est venu de la centrale patronale Utica. Le membre de son bureau exécutif, Khalil Ghariani, a fait une déclaration à Mosaïque Fm, où il a considéré que «les propositions du Président concernant les hommes d’affaires accusés de malversations permettent de résoudre ce problème qui traîne depuis onze ans».

Ghariani a appelé à «retourner aux négociations sociales, abandonnées depuis 2008 au profit de compromis pointés avec la centrale ouvrière». Les propositions présidentielles constituent, selon la majorité des observateurs, des matières à réflexion en cette phase délicate de l’histoire de la Tunisie.

Afrika Stratégies France avec El Watan

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