Kigali serait en discussion avec Google pour faire stopper les émissions qui feraient la promotion de l’idéologie du génocide sur YouTube.
Mais les activistes, youtubeurs et les journalistes pensent que c’est un tour de vis de plus pour museler la liberté d’expression et réduire les voix critiques au silence.
Actuellement, pas moins de cinq youtubeurs rwandais sont en prison pour purger des peines allant de 7 à 15 ans de prison. Des journalistes affirment que la répression sur YouTube concerne une seule catégorie de contenus : les talk-shows politiques.
Mais Thierry Murangira, porte-parole de l’office rwandais d’investigations assure que les actions de son organisation sont légales. Il rejette les accusations selon lesquelles, son bureau attaquerait des youtubeurs.
Le porte-parole confirme par ailleurs la saisine de Google afin de faire arrêter toutes les émissions en ligne et qui font la promotion du génocide.
« Il y a des négociations entre le gouvernement et YouTube pour fermer toutes les chaînes YouTube au Rwanda qui incitent à la division et font la promotion de l’idéologie génocidaire. Le gouvernement s’est plaint d’abus commis par certaines chaînes YouTube dans l’intention de promouvoir le génocide », explique Thierry Murangira.
Négationnisme
Etienne Gatanazi, est un des correspondants de la DW et youtubeur rwandais dont la chaîne YouTube, « real talk TV » est une des plus suivies dans le pays. Il affirme avoir plusieurs fois été accusé de négationnisme.
Pourtant,il assure que sa chaîne évoque aussi des thèmes qui n’ont pas trait à la politique politicienne comme l’éducation par exemple.
« Il est dit que le Rwanda se sert du génocide comme d’un prétexte. C’est ce que disent les gens. J’ai vu des gens critiquer soit le secteur éducatif, soit l’économie et la façon dont elle est structurée. Des gens dénoncent beaucoup de choses et d’autres viennent dire que nous sommes des génocidaires. J’ai aussi lu cela sur ma chaîne YouTube » , soutient-il.
Décision judiciaire
Le journaliste Charles Ndushabandi doute pour sa part, que Youtube va prendre cette demande du Rwanda au sérieux. Il en veut pour preuve l’échec de l’Ouganda qui a fait une demande dans le même sens.
« Pour que les vidéos soient supprimées des chaînes YouTube, vous devez au moins obtenir une décision du tribunal, nous l’avons vu dans d’autres pays comme l’Ouganda où les gouvernements souhaitent que certaines chaînes YouTube soient supprimées, mais vous devez obtenir une décision du tribunal et d’un tribunal indépendant qui inspire confiance donc je pense que cela n’ira pas loin« , estime Charles Ndushabandi.
Le mois dernier, un célèbre youtubeur appelé Teoneste Nsengimana, titulaire de la chaîne Umubavu TV, a été arrêté avec cinq autres personnes. Une arrestation survenue la veille de la diffusion d’une émission en direct qui devait recevoir l’opposante Victoire Ingabire. Les personnes arrêtées sont accusées de répandre des rumeurs de nature à susciter une insurrection.
Afrika Stratégies France avec Deutsche Welle Afrique