Au Mali, Choguel Maïga a fait son grand retour lundi 5 décembre à la Primature après avoir été mis au repos forcé pour raisons médicales. Après quatre mois d’incertitude et une dernière semaine au cours de laquelle le flou avait été entretenu, Choguel Maïga est donc bel et bien revenu aux affaires. Un retour qui n’a pas manqué de faire réagir la classe politique malienne.
Le Premier ministre du Mali, accueilli par les applaudissements de son équipe, a commencé par une rencontre avec celui qui avait assuré son intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale. Beaucoup pensaient que Choguel Maïgane remettrait plus les pieds à la Primature et qu’il avait été durablement évincé, d’autres réclamaient vivement son retour. Après quatre mois d’incertitudes et une dernière semaine au cours de laquelle le flou avait été entretenu, Choguel Maïga est donc bel et bien revenu aux affaires.
« Il revient serein, déterminé, avec un moral de fer », assure un proche collaborateur de Choguel Maïga. « Il a été soutenu par le président lui-même et par le peuple malien tout entier, ça le renforce politiquement », juge encore ce soutien du Premier ministre.
Du « cafouillage »
« Il est revenu pour s’éteindre », prédit au contraire un pilier de l’opposition. « Les colonels ne pouvaient pas l’humilier, mais ils finiront par le faire démissionner », ajoute-t-il.
Entre sa sortie de convalescence le 25 novembre et l’officialisation de son retour à la Primature le 4 décembre, Choguel Maïga a dû patienter près de dix jours et multiplier les déclarations publiques. De nombreuses voix critiques estiment que ces atermoiements sont la preuve de divergences au sommet de l’État entre les cinq colonels putschistes. Mais aussi d’un manque d’alternative : « Ils n’avaient pas d’autre solution ! », persifle un opposant.
Le colonel Abdoulaye Maïga, qui avait assuré l’intérim, est, lui, élevé au rang de ministre d’État et reste titulaire de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement. S’agit-il d’un remerciement pour bons offices ? Plutôt « une manière de ne pas le laisser sous la tutelle de Choguel », commente encore un ancien ministre, « mais ça maintient deux hommes à la tête du gouvernement ». C’est du « cafouillage », abonde un autre qui déplore des manœuvres de pouvoir au moment où « la grogne sociale monte ».
« Il y a du boulot et il assumera sa mission jusqu’au bout »
Des commentaires balayés par un collaborateur de Choguel Maïga. « C’est un acteur politique majeur, il ne revient pas pour faire de la figuration. Il y a du boulot et il assumera sa mission jusqu’au bout », selon lui.
Le Cadre des partis d’opposition, qui a toujours jugé Choguel Maïga trop clivant pour être chef du gouvernement, lui prépare en tout cas un retour mouvementé. Une nouvelle plateforme de contestation plus large est annoncée, avec des partis politiques, mais aussi des syndicats et des religieux. Les consultations sont toujours en cours.
Afrika Stratégies France avec RFI