Au Sénégal, le préfet de Dakar interdit la manifestation prévue par Yewwi Askan Wi ce vendredi 17 juin dans la capitale. La coalition d’opposition avait appelé ses partisans à « maintenir la pression » pour réhabiliter sa liste nationale en vue des législatives. Elle maintient sa volonté de protester dans la rue.
Avec notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac
Lors du Conseil des ministres, le président Macky Sall a appelé au « respect scrupuleux des dispositions du Code électoral » en perspective des législatives. Justement, dans son arrêté rendu public cet après-midi, le préfet Mor Talla Tine invoque deux motifs : « menaces de troubles à l’ordre public », et « violation de l’article L61 du Code électoral », un article qui « interdit toute propagande déguisée » durant les trente jours précédant l’ouverture officielle de la campagne.
Le climat politique est tendu avant les législatives prévues le 31 juillet. Yewwi Askan Wi conteste l’invalidation par le Conseil constitutionnel de sa liste nationale menée par Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor, suite à une erreur dans la confection de cette liste. Une première manifestation le 8 juin dernier à Dakar avait été autorisée par la préfecture place de la Nation et avait rassemblé plusieurs milliers de personnes, mais cette fois, ça ne passe pas.
Concernant le rejet de la liste menée par Ousmane Sonko : « La loi est dure, mais c’est la loi » affirmait de son côté le président Macky Sall sur RFI, le 9 juin.
La coalition ne se résigne pas
Mais la décision ravive la colère des leaders de la coalition, qui maintient son appel à la mobilisation. « Le préfet ne peut pas et ne doit pas interdire la manifestation. On l’a informé de la tenue d’une manifestation. Les arguties sont fallacieuses, les arguments ne sont pas pertinents », insiste Khalifa Sall, l’ancien maire de la capitale
Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor, le martèle : le rassemblement de vendredi aura bel et bien lieu. « Nous maintenons notre manifestation », parce que dit-il, en plus de « l’injustice contre nos listes », « le minimum qu’il nous restait, le droit de manifester, Macky Sall nous dit qu’il va nous priver de ce droit. »
Le bras de fer se durcit donc, alors que des membres de la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar ont appelé leurs partisans à « faire face aux pyromanes de l’opposition qui cherchent à déstabiliser le pays ».
Le défenseur des droits humains Alioune Tine appelle le chef de l’État « à prendre la parole pour appeler les acteurs politiques au dialogue ».
Par ailleurs, le procureur de la République a confirmé hier soir (mardi) l’arrestation d’Ousmane Kabiline Diatta, rebelle présumé du MFDC, mouvement indépendantiste de Casamance, lors de la manifestation de l’opposition à Dakar, mercredi dernier. Une information judiciaire a été ouverte notamment pour « complot » et « participation à un mouvement insurrectionnel ». L’opposition de Yewwi Askan Wi dénonce un amalgame. « Ils essaient de déplacer le débat avec des faux rebelles », selon Ousmane Sonko.
Afrika Stratégies France avec RFI