TOGO : Hcte, après la polémique, les défis pour Dussey et les enjeux pour la diaspora
Malgré la polémique entretenue par une partie de la diaspora notamment en Europe, 164.568 togolais se sont inscrits pour le choix de 77 délégués. Ouverte depuis le 1er septembre, l’élection durera une dizaine de jours. Objectif ? Impliquer davantage la diaspora dans des enjeux de développement et l’outiller pour en faire un organe légitime dans le rôle qui est le sien. Et aussi persistant qu’au début, Robert Dussey prévoit deux stratégiques rencontres fin novembre.
Après une brève polémique sur les chiffres concernant le recensement de la diaspora et l’élection des délégués, les statistiques sont tombées. Plus de 164.000 togolais, ce qui est un succès pour une première opération, se sont inscrits se choisir les 77 délégués parmi 395 candidats. Car si le Togo a un retard sur l’organisation de sa diaspora, l’aboutissement du processus en cours ouvre de nouveaux horizons pour ses acteurs. Il permettra la mise en place d’un organe légitime mais aussi, mobilisera les Togolais de l’extérieur au service du développement. Cette organisation, même tardive, permet aussi à la diaspora de mieux représenter son pays d’origine dans les divers pays de résidence. De nombreux projets devront voir jour dans les prochains mois, à la suite de deux rencontres consacrées, fin novembre à Lomé, aux diasporas africaine et togolaise.
Plus d’efficacité
Pour une fois, point de doute sur le mécanisme d’inscription. « Personne n’a tenté de s’inscrire sans y parvenir pour des raisons sélectives » se félicite-t-on au ministère des affaires étrangères où on évoque « un processus ouvert et sincère« . L’idée d’une telle organisation est un vieux projet que porte Robert Dussey depuis une demi-décennie. Si le ministre a voulu que ce soit la diaspora elle-même qui s’en occupe, au bout de plusieurs années, elle n’a pas réussi à y parvenir. Dans la plupart des pays africains, de telle organisations existent depuis de nombreuses décennies et se sont imposées, à la fois par leurs apports mais aussi par leur influence. Plusieurs leaders, dans des pays comme le Bénin, sont d’ailleurs devenus ministres ou ambassadeurs. C’est le cas de Jules-Armand Aniambossou qui aura été ambassadeur du Bénin à Paris avant de se retrouver en Ouganda, depuis peu, pour le compte de l’hexagone. Beaucoup de pays (Maroc, Tunisie, Sénégal, Mali, Guinée, Burkina Faso etc.) ont des diasporas plus organisées et plus actives pour la défense de leurs propres intérêts et la facilité dans la réussite de leurs projets. Le cas du Mali a d’ailleurs fait objet d’inspiration pour le Togo qui est l’un des rares pays de la sous-région à être, dans le domaine, à la traine. Le projet, entièrement financé par un pays partenaire devrait aussi permettre à des membres de la diaspora d’occuper des postes qui les protègent et les aident à mieux soutenir leurs concitoyens en difficulté. Au ministère des affaires étrangères à Lomé, on évoque déjà « quelques postes de consuls honoraires« , ce qui ne peut qu’en ajouter la performance d’une diaspora trop politisée. Mais aussi permettre le suivi de togolais dont plus de 1000 se trouvent en ce moment en prison dans le monde, sans assistance consulaire.
Un instrument politique ?
Pour ceux qui ont boudé le processus et dont une grande partie se trouve en France, en Belgique, en Allemagne et aux Etats-Unis, le principal argument est la récupération politique de la diaspora. Une crainte qui n’est pas totalement écartée d’autant qu’au Togo comme dans beaucoup de pays africains, la menace d’une politisation n’est jamais loin, quelque soit l’organisation. S’ils sont nombreux, même au sein de la diaspora à reconnaître à Robert Dussey une posture plutôt rassurante, compte tenu de son parcours, quant à la déviance politicienne de l’organe qui sera issu du processus, le régime a déjà créé, par le passé, de nombreuses fictives organisations qui étaient plutôt à sa solde. « Mais le processus en cours est très inclusif et surtout ouvert » tente-t-on de rassurer dans l’entourage du ministre. Une chose est sure, aucun membre de la diaspora ne s’est plaint de ce que le mécanisme d’inscription soit exclusif. Aucune volonté manifeste du gouvernement d’exclure qui que ce soit n’a été dénotée, le boycott pour ceux qui n’ont pas voulu y prendre part, ayant été spontané. Mais dans un pays où tout est politisé, les réticences ici et à étaient prévisibles. Mais le succès, fut-il relatif, du processus est encourageant pour la suite d’autant qu’en ajoutant « les Togolais de l’extérieur » au portefeuille du ministre des affaires étrangères, le Togo veut désormais tirer profit de sa diaspora et surtout, « prendre en compte ses objections et préoccupations« .
Les rendez-vous de novembre
Fin novembre, pour lancer définitivement le Haut conseil des Togolais de l’extérieur, Robert Dussey prévoit deux événements de taille. Une rencontre économique de la diaspora africaine, tous pays confondus, qui aura lieu à Lomé et dont l’organisation est très avancée et le lancement de la diaspora togolaise dans la foulée. Le ministère des affaires étrangères et des Togolais de l’extérieur boucle en ce moment son budget pour y déplacer tous les délégués qui seront élus le 11 septembre prochain, en marche du processus. La rencontre panafricaine vise à insister sur le volet économique, le plus important pour la diaspora qui souvent, est obligée d’envoyer des milliards pour soutenir la famille restée au pays. Des projets de développement pourraient, à moyen et long terme, pallier à cette contrainte. En faisant coïncider cette rencontre avec le lancement du Hcte, le ministre veut aussi favoriser « les brassages, les échanges et les contacts » et inscrire le nouvel organe dans une dimension continentale. D’ailleurs, les plus grandes contributions de la diaspora togolaise, selon plusieurs rapports de la Banque mondiale, proviennent de l’Afrique. Le Ghana avec ses 28,9% et le Nigeria 24,4% dépassent de loin la France 11,4% ou le Canada 0,7%.
Si en Europe, la France est au premier rang avec 4.195 inscrits, c’est la Côte d’Ivoire qui, avec plus de 44.000 électeurs recensés, tient la tête de peloton devant le Gabon 15.096 ou encore le Bénin 14.390. Si cette première législature connaît un franc succès, le train en marche devrait être vite rattrapé par les retardataires dans les prochaines élections.
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