TOGO : Robert Dussey pour un Hcte équitable et « plus de visas pour les Togolais »
Le Haut conseil des Togolais de l’extérieur (Hcte) est devenu son dernier cheval de bataille. Le ministre togolais des affaires étrangères y travaille et enchaine des publications et rencontres d’explications. Il veut surtout un organe qui prenne en compte la réalité de la diaspora en nombre et par sa contribution financière. Et à côté, un lobbying pour faciliter l’obtention de visas, notamment auprès de la France.
Communiqués, séances d’échanges mais surtout des tweets, le ministère a fait du Haut conseil des togolais de l’extérieur une priorité afin de rassembler les Togolais dans une organisation consultative qui les représente légitimement. Lancé le 2 juillet dernier à Lomé, la mise en place est en cours avec le choix des délégués. Un système en ligne a été activé à cet effet appelant les Togolais à s’inscrire massivement. Mais les options du ministère sont claires, « prendre en compte le nombre et la contribution de la diaspora » pour la répartition en nombre des délégués. Si certains acteurs de la diaspora revendiquent la part de lion pour l’Europe, ils devront accepter la réalité des chiffres.
Un Hcte représentatif et équitable
Divers rapports récents de la Banque mondiale ont donné le coup de main. En se basant sur l’estimation d’un de ses rapports accompagné d’un tableau synoptique de 2015, la répartition donne une grande part à la diaspora togolaise d’Afrique. Avec 45 délégués sur les 77. Et toujours en se basant sur ces données, le Nigeria tient la tête de pelletons avec 4 délégués, le nombre le plus élevé de tous les pays. L’examen est surtout basé sur le transfert d’argent de la diaspora en direction du Togo. Après le Nigeria (qui l’emporte plus part le nombre de Togolais qui y réside), il y a le Ghana ( qui connait la quantité de transfert d’argent la plus élevée) devant le Bénin et la Côte d’Ivoire. Un tableau tweetté par Robert Dussey fait la liste d’un peu plus d‘une vingtaine de pays. Premier pays hors d’Afrique, la France est tête de lice en Europe avec 11,4% de la contribution financière de la diaspora togolaise. Mais bien loin devant les 28,9% du Ghana ou les 24,4% du Nigeria. Mais en fonction de son étendue et du nombre de Togolais qui y vit, le Nigeria aura droit à 4 délégués. Le Canada et les États-Unis ne contribuent qu’à 0,7%, au même niveau que la Hollande. Et si le ministre comprend le souhait des diasporas européennes de mener la danse, il tient à « une répartition équitable et juste« , tweettant que « dura veritas sed veritas » (la vérité est dure mais c’est la vérité, dirait le latiniste). Il s’y implique personnellement, appelant par un autre tweett ses compatriotes à rester dans le délai de 15 août. « Inscrivez-vous avant le 15 août » leur lance-t-il, précisant combien, « chaque électeur est important« . Mais pour, de la diaspora, en devenir membre, il faut déjà affronter le parcours de combattant que constitue l’obtention de visa.
Plaidoyer pour plus de visas
La problématique des visas a toujours été au cœur de sa diplomatie. Dussey a déjà, depuis son arrivée au ministère, obtenu la réciprocité de l’annulation dans plus d’une vingtaine de pays (pour les passeports ordinaires) et du double pour les passeports officiels (de service et diplomatiques). Cette politique devrait continuer et le Togo se prépare au protocole de l’Union africaine adopté à Kigali en mars 2018 et qui vise « la libre circulation et le droit de résidence et d’établissement pour tous les Africains ». Mais à l’occasion du 14 juillet dernier, le ministre togolais des affaires étrangères s’est lancé dans un audacieux plaidoyer rarement engagé par un pays africain. Il voudrait que la France, principale destination des Togolais en espace schengen, accorde plus de visas et l’a fait savoir lors d’un discours public à Marc de Vizy. « Donnez plus de visas aux Togolais » propose Robert Dussey qui veut rassurer, « ils reviendront dans leur pays« . Une doléance à laquelle l’ambassadeur de la France, avec qui il entretient d’excellentes relations a promis sur place de trouver une solution. Depuis, en France la doléance est très prise au sérieux. L’ambassadeur de France à Lomé se réjouit de ce que les délais de traitement sont déjà écourtés grâce aux nouvelles dispositions de demande mises en place. De Vizy espère pouvoir contribuer à un plus grand nombre de délivrance de visas à l’endroit des Togolais. Dès la rentrée diplomatique de septembre prochain. Au ministère des affaires étrangères, l’idée de garantir, auprès du consulat, le retour pour certains demandeurs notamment des hommes d’affaire et des artistes notamment est à l’étude.
Une diaspora délicate et éclectique
Elle est l’une des plus délicates de l’Afrique. La diaspora togolaise est politiquement très dynamique et surtout, apparemment hostile au régime pour ce qui est des grandes capitales européennes. Mais si elle est plus visible grâce à ses sorties intempestives et son contrôle des réseaux sociaux, la diaspora européenne n’est pas que moins importante en nombre que celle africaine, mais elle contribue moins encore en matière de transferts de fonds. Alors que c’est le quotient entre ces deux facteurs qui détermine le nombre de délégués par pays. L’Europe devrait se contenter de 19 délégués, tout de même largement devant la zone Amérique qui n’aura pas plus de 6 avec en première place le Canada qui est 13e en matière de contribution financière du classement général de la Banque mondiale.
Le Togo est l’un des pays africains à inscrire le vote de la diaspora dans sa constitution. L’enjeu pouvant aussi être électoraliste, la guerre des influences est déjà ouverte. Mais Dussey veut gérer la situation par des « échanges et des concertations qui n’excluent personne« . Actuellement en séjour en Europe après les États-Unis, il ne devrait manquer aucune occasion d’aborder le sujet avec les intéressés. Pour faciliter les élections, une commission électorale du Hcte a été mise en place à partir d’un appel d’offre, début juillet.
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