L’accord de Cotonou portant sur un partenariat multilatéral entre l’Union européenne (UE) et les pays de l’Afrique, du Pacific et des Caraïbes (ACP) tend vers son expiration en 2020. Etalé sur deux décennies, de nouvelles négociations de l’accord ont été entamées en novembre 2018. Celles-ci devraient connaitre un changement de paradigme avec la sortie proclamée de la Grande Bretagne de l’Union européenne, l’entrée de plusieurs pays d’Europe de l’Est et l’évolution sociopolitique et économique de la plupart des Etats concernés. Ainsi, l’honneur est fait au Professeur Robert Dussey, ministre des affaires étrangères du Togo de conduire les négociations dans la perspective d’un renouvellement de l’accord du Post-Cotonou 2020.
Début avril, à N’Djamena, pour présider à la 3ème session du groupe central de négociations ACP et après une pause pour faire le point à Lomé, le ministre togolais des affaires étrangères débarque en Jamaïque. A peine, arrivé à Kingston, cet ancien religieux discret et sympathique annonce les couleurs et crie, haut et fort qu’il se sent « chez lui », très africain et fortement caribéens. Objectif pour Robert Dussey et ses pairs? Plancher sur les priorités des Caraïbes à l’instar de toutes les autres régions impliquées dans les négociations qui devront accoucher de nouveaux accords post-Cotonou. Une passion et un honneur pour ce philosophe qui mène depuis 2018 les négociations pour le compte des pays ACP.
UE-ACP, le statu quo pour l’Afrique ?
Adopté en juin 2000, l’accord de Cotonou entre l’Union européenne (UE) et les pays d’Afrique, du Pacific et des Caraïbes (ACP) était entré en vigueur ; en avril 2003. Ledit accord s’était donné 20 ans pour rétablir les équilibres économiques entre l’Union européenne et les pays ACP, afin de réduire la pauvreté dans le monde en développant le secteur privé qui demeure un grand créateur d’emplois, dans les pays en voie de développement. Le continent africain en dépit de ses nombreuses richesses, ne pèse pas plus que le poids d’une plume sur la balance du commerce mondiale. Au moment où l’accord de Cotonou arrive à expiration, la pauvreté a atteint un taux de croissance alarmant dans plusieurs pays d’où l’urgence de créer différents projets macroéconomiques structurants ; pour se donner un second souffle. Le CEO FORUM organisé par le groupe Jeune Afrique et la Banque Mondiale les 25 et 26 2019 à Kigali a été bon prétexte pour booster le secteur privé africain. Une année plus tôt, l’idée d’un marché commun africain avait déjà pris forme. La Zone de libre échange économique continental (ZLEC) a vu le jour avec pour objectif de réaliser un marché commun à l’image de l’Union européenne. La réalisation d’un tel projet d’envergure international, contribuerait certes à améliorer les services sociaux et favoriser l’intégration régionale ; mais elle a besoin de temps. A côté de la ZLEC, une volonté d’aller au rendez-vous de l’émergence anime plusieurs pays d’Afrique. En 20 ans, l’Afrique a vu sa population évoluer avec une frange significative de jeunes en quête d’emplois. A défaut d’en trouver, ils n’hésitent pas à se lancer dans une immigration clandestine en bravant la colère des vagues marines et la sécheresse du désert, dans l’espoir de trouver un Eldorado illusoire ; en terre européenne. Il est fort probable que la question de l’immigration clandestine puisse occuper le cœur des prochaines négociations entre l’Union européenne et les ACP. L’ouverture du marché des pays africain au marché chinois, occupera sans doute les débats. Autant l’élargissement de l’Union européenne au pays d’Europe de l’Est et la sortie de la Grande Bretagne amoindrisse le taux des investissements, autant la Chine demeure une bouée de sauvetage économique pour l’Afrique. La volonté manifeste de plusieurs Etats africains à vouloir atteindre l’émergence dans le court et moyen terme avec différents programmes structurants tels que le Plan Sénégal Emergent (PSE) ou le Programme de Développement National (PND) du Togo et ceux d’autres pays abondant dans le même sens, augure-t-elle de lendemains meilleurs ; pour l’Afrique ? Il faudra espérer que les négociations Post-Cotonou 2020 ne butent pas sur des répercussions négatives du Brexit britannique.
Pr Robert Dussey, le négociateur en chef
Professeur titulaire de philosophie politique, Robert Dussey est spécialiste des questions de paix, de gestion et de résolution de conflits armés. Ministre des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine et des Togolais de l’extérieur, il est aux commandes de la diplomatie togolaise depuis le 17 septembre 2013. Agé de 47 ans, le Professeur Robert Dussey a été choisi de par sa trajectoire d’homme politique brillant et influent ; pour diriger les négociations pour le Post-Cotonou 2020 entre l’Union européenne et les pays d’Afrique, du Pacific et des Caraïbes. Homme de confiance du Président Faure Gnassingbé, Chevalier de la Légion d’Honneur de France en 2012, le Pr Robert Dussey qui figure parmi les dix personnalités politiques influentes d’Afrique présente le bon profil en qualité de négociateur en chef. Depuis le 28 septembre 2018, le Ministre des Affaires Etrangères de l’Intégration et des Togolais de l’extérieur, a entamé les négociations UE-ACP à New York.
Almani CAMARA