Vaccins : paludisme et Covid-19, même combat ?
Alors que la malaria tue davantage que le coronavirus sur le continent africain, le vaccin pour l’éradiquer continue ses essais prometteurs, mais n’a toujours pas obtenu l’approbation de l’Organisation mondiale de la santé.
Si « Covid » fut sans doute le mot le plus employé de 2020, « vaccin » pourrait être le plus utilisé en 2021. Mais les espoirs de miracle autant que la méfiance complotiste feraient presque oublier le paludisme, dont l’écrasante majorité des victimes – 400 000 morts environ – se situe en Afrique, continent où l’on n’a certifié qu’environ 150 000 décès du coronavirus en plus d’un an de pandémie. Au sempiternel fatalisme qui voudrait que les sommités épidémiologistes mondiales ne considèrent que les virus et parasites actifs dans l’hémisphère nord, l’Afrique offre aujourd’hui le spectacle enthousiasmant de tests de vaccins contre la malaria.
Espoir de 75 % d’efficacité
C’est au Malawi, au Kenya et au Ghana que le R21 fait actuellement l’objet d’études. La préparation biologique contient essentiellement la même molécule que le RTS,S déjà développé par les laboratoires britanniques GlaxoSmithKline depuis les années 1980. Le RTS,S avait achevé des essais de phase III, réduisant manifestement le risque de paludisme de 55 % dans les douze mois suivant la primo-vaccination et de 39 % sur quatre ans. En 2016, il avait obtenu un avis positif de l’Agence européenne des médicaments (EMA) et une « recommandation prudente » de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le R21 prend le relai avec des essais qui concerneront 4 800 enfants burkinabè et maliens pendant un an, avec un suivi de 2023 à 2024. Les parasitologues ont l’espoir de démontrer une efficacité de plus de 75 % sur une période d’un an, score qui constitue l’objectif requis par l’OMS.
Impatience des populations
Celle-ci ayant accéléré l’approbation d’un vaccin contre le Covid-19, l’heure est à l’impatience du côté de populations davantage meurtries par le palu. Mais les appréciations du calendrier sont partagées : les responsables des tests souhaitent achever un an d’essai avant que le R21 puisse être inscrit sur la liste d’utilisation d’urgence, notamment dans les pays qui n’ont pas réussi à réduire la morbidité du palu par la prévention. D’autres souhaitent que des tests soient menés dans des régions où la période de transmission du paludisme ne se réduit pas essentiellement à une saison.
Il reste à espérer que, cette fois, le vaccin tant attendu sera largement fabriqué en Afrique, simplifiant ainsi la chaîne d’approvisionnement. Pour l’heure, le continent produit moins de 1 % de ses vaccins de routine.
Afrika Stratégies France avec Jeune Afrique